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GRANDE MAXXI
Proposition pour le centre d’archives et de restauration du musée d’Art Contemporain de Rome (MAXXI)
Mai 2022


<< Le principal danger d'intervenir dans un contexte fortement caractérisé, comme la zone de concours du MAXXI, est de vouloir rivaliser avec le bâtiment de Hadid, avec la rapidité de ses lignes. Le deuxième danger est de se rendre transparent, de choisir de disparaître.

Afin d'éviter ces deux dangers, nous avons travaillé à partir des vides et des relations en récupérant dans l'espace public des lieux aujourd'hui résiduels. Nous avons essayé de caractériser cet espace public de manière à le rendre accueillant, en le soustrayant à la vue immédiate, afin d'inciter à sa découverte. Nous avons été inspirés par la lecture d'un passage de Marina Abramovich, à propos d'une œuvre intitulée Three Secrets, dans laquelle autant de draps de couleur, un rouge, un vert et un blanc, suggéraient la présence cachée de l'œuvre mais étaient, en même temps, eux-mêmes l'œuvre.

Nous pensons qu'une logique similaire, de dissimulation et de dévoilement, fait partie de l'histoire romaine, de sa culture baroque.  Et nous avons pensé en particulier à la Sainte Thérèse d'Avila du Bernin : les plis de la draperie qui enveloppent son corps, extériorisant l'intériorité de l'expérience de l'extase. Mais, surtout, nous avons été inspirés par la relation entre l'extase mis en scène par la sculpture et les murs incurvés de la Via del Quirinale, articulée par Borromini et Bernini eux-même.



Les murs, avec la tension de leur épaisseur, générée par les forces contrastées qui avancent et reculent, contribuent à garder le secret. Ce qui est révélé au fur et à mesure que nous expérimentons l'espace.

Et c'est de la volonté d'accommoder et d'étendre que l'idée d'un mur de briques incurvé a pris forme. Un ruban rouge vertical, enraciné dans le sol, qui génère un espace public à ciel ouvert et, en même temps, nous invite à entrer dans le nouveau bâtiment, suspendu entre la logique du plan et du volume, qui détient les secrets du MAXXI, c'est-à-dire les lieux métaboliques de son fonctionnement (archives, laboratoires, réserves, salles de classe) et qui sont rendus visibles et disponibles pour ses utilisateurs. Une intervention, en somme, qui a sa propre caractérisation formelle et qui, pour cette raison même, ne manque pas de fasciner en proposant une forme et un dynamisme différents de ceux de l'intervention de Hadid. Cette ligne, à l'intérieur et à l'extérieur du nouveau bâtiment, est flanquée d'une conduite d'eau. Voici le troisième drapé : la ligne blanche, qui pêche sous terre et se rapporte au ruban rouge incurvé. À l'intérieur du bâtiment, la ligne blanche est éclairée, grâce à un canon lumineux, par la lumière du ciel.

En descendant, dit Deleuze dans une de ses pièces, pour partir, je reste. Je me perds simplement et me retrouve". >>


Luigi Prestinenza Puglisi,
critique d’architecture,
directeur de recherche à La Sapienza



Collaborateurs :

Franco Zagari
Luigi Prestinenza
Allessia Maggio
Carlo Morrone